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竹島

Un différend territorial perturbe les relations entre Séoul et Tokyo

LE MONDE | 23.07.08


La question des îlots Takeshima/Dokdo déchire à nouveau le Japon et la Corée du Sud. Le 20 juillet à Séoul, une rencontre entre le gouvernement et le très conservateur Grand parti national (GPN) au pouvoir, s'est conclue sur la décision de renforcer la présence habitée - par la construction d'un hôtel notamment - sur ces îlots de la mer du Japon revendiqués par les deux pays. Le renoncement au principe d'une "diplomatie apaisée" à l'égard du Japon a également été décidé.

Ces choix reflètent la tension grandissante entre les deux pays depuis que, le 13 juillet, le ministère japonais de l'éducation a recommandé, pour les manuels scolaires de collège, de signaler les îlots - baptisés Takeshima au Japon, Dokdo en Corée du Sud, et autrefois connus en Europe sous le nom de Liancourt - comme parties du territoire nippon.
La réaction sud-coréenne n'a pas tardé. Le lendemain, Séoul a adressé une protestation et rappelé son ambassadeur à Tokyo. Un groupe de députés s'est rendu en hélicoptère sur les îlots. Puis la Corée du Sud a annulé tous les programmes d'échanges prévus, y compris ceux entre écoliers des deux pays. Plusieurs initiatives privées appellent au boycottage des produits japonais. Les relations bilatérales semblaient pourtant s'améliorer, sous l'action conjuguée du premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, avocat d'un rapprochement avec les voisins asiatiques de l'Archipel, et du nouveau président sud-coréen, Lee Myung-bak. En rupture avec son prédécesseur, Roh Moo-hyun, M. Lee souhaitait écrire une nouvelle page des relations avec Tokyo, "tournées vers le futur, sans questionner le passé". La vigueur des réactions montre à quel point la question historique reste pourtant prégnante entre Tokyo et Séoul. Au sujet des îlots, des historiens et activistes des deux pays s'efforcent, dans un climat passionnel et souvent teinté de xénophobie, de prouver l'ancienneté de la possession.

Dans l'histoire récente, ces 210 000 m2 de rochers au coeur d'une mer hostile, mais poissonneuse, ont été intégrés en 1905 à la préfecture de Shimane par le Japon, au tout début de la colonisation de la péninsule coréenne. Un "Jour de Takeshima" a été créé en 2005 dans cette préfecture de l'ouest de l'Archipel à l'occasion du centenaire de cet événement. Pour la Corée du Sud, les îlots sont devenus l'un des symboles forts du passé colonial. Afin de marquer sa possession, elle y entretient un contingent d'une quarantaine de gardes-côtes. Deux civils y ont élu domicile.

En 2006, un projet japonais d'étude océanographique autour des îlots avait déjà déclenché de vives réactions en Corée du Sud. Séoul avait menacé d'user de la force. Depuis, la tension semblait retombée. La nouvelle crise montre qu'il n'en est rien. Elle intervient également au bon moment pour le président Lee Myung-bak, dont la popularité a fortement chuté au moment de la crise provoquée par l'annonce de la reprise des importations de boeuf américain, à l'origine de manifestations massives et violentes en mai et juin.

Philippe Mesmer