La fierté de Sabine Dardenne
l'Express.fr.
Extraits d'une lettre de Sabine Dardenne à ses parents que Marc Dutroux n'a, bien évidemment, jamais envoyée.
«Vous savez quelquefois on se dispute, mais au fond de nous on s'aime quand même bien. La preuve: si je n'aimais pas Sophie et Nanny [ses sœurs aînées], je ne serais pas inquiète si Nanny avait réussi ses examens ou pas, et je n'aurais pas passé mes fins d'après-midi à la clinique auprès de Sophie. Et si je n'aimais pas papa, pourquoi irais-je lui chercher son pull en haut ou aussi son paquet de «toubac» chez José! (...) Et si je ne t'aimais pas, maman, pourquoi t'aiderais-je en allant chercher l'huile et le vinaigre ou une bouteille de limonade ou autre chose à la cave? (...) Et aussi, pourquoi ferais-je un massage à tes pieds entre tes orteils (les petits couteaux comme on disait) quand tu es fatiguée ou qu'on allait se coucher tôt en même temps? Pourquoi ferais-je tout ça pour vous si je ne vous aimais pas? Peut-être que vous vous êtes fait une raison que vous n'allez plus me revoir, mais moi, y avez-vous pensé à moi? A ce que je pourrais penser en plus, je sais que je n'ai pas toujours été gentille avec vous, que j'ai été égoïste et méchante, mais après tout, savez-vous me dire pourquoi je suis ici? Après tout moi je n'ai rien fait à ce «chef». Et je vois pas pourquoi je paierais pour ça. Je suis désolée de vous parler ainsi après tout ce que vous avez fait pour moi, mais il faut absolument que vous me sortiez d'ici. Je suis vraiment triste et malheureuse et vous me manquez énormément, c'est vrai vous savez! De un: je «veux» revenir à la maison parce que je voudrais vous revoir. De deux: je voudrais revenir à la maison parce qu'ici ce n'est pas ma place, ma place est parmi vous, avec la famille et les amis, et aussi parce que je n'en peux plus de rester dans ce taudis! Et de trois: il me fait trop mal. (...)
P. S.: Sur des feuilles à part, je vous ai joint des mots croisés pour Sophie, des billes de stylo (voir petit emballage) et aussi des poèmes faits par moi-même et sans aide! Les cheveux qui sont glissés dans la feuille ne sont pas ceux que j'ai coupés moi-même mais coupés par lui, il me les a coupés comme un clown, mais encore pire que quand c'était maman qui le faisait. Regardez le petit dessin ci-dessous et vous comprendrez tout de suite ma tête!
Je vous envoie mille bisous, je vous adore tous. (...)