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Caricatures de Mahomet:

nouvelles violences, Washington accuse la Syrie et l'Iran

WASHINGTON (AFP) - 08/02/2006 19h52 - Les Etats-Unis ont accusé mercredi la Syrie et l'Iran d'avoir "incité" aux violences anti-occidentales après la publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet, alors que de nouvelles manifestations de musulmans en colère ont eu lieu dans plusieurs pays.
Les incidents les plus graves ont eu lieu en Afghanistan, où quatre manifestants ont été tués lors de heurts avec la police, et en Cisjordanie, où les observateurs européens à Hébron ont dû quitter la ville, leurs locaux ayant été attaqués.

A Washington, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a explicitement mis en cause Damas et Téhéran dans les émeutes et les violences contre des ambassades et d'autres locaux diplomatiques européens.

"Il y a des gouvernements qui ont profité de cette occasion pour inciter à la violence", a déclaré Mme Rice lors d'une conférence de presse conjointe avec la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, qu'elle venait de recevoir au département d'Etat.

"Je n'ai aucun doute, vu le contrôle exercé par le gouvernement syrien en Syrie, par le gouvernement iranien - qui, d'ailleurs, n'a pas caché son influence -, que l'Iran et la Syrie ont tout fait pour enflammer l'opinion et pour utiliser ceci pour leurs propres desseins", a ajouté la secrétaire d'Etat.

"Le monde devrait leur demander des comptes", a estimé Mme Rice.

Plus tôt dans la journée, le président George W. Bush a rejeté les protestations violentes, mais a aussi appelé la presse à ménager les sensibilités religieuses, lors d'une rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie à Washington.

"Nous rejetons la violence comme le moyen d'exprimer son mécontentement contre ce que pourrait avoir publié une presse libre", a dit M. Bush. Toutefois, "la liberté va de pair avec la responsabilité de faire attention aux autres", a-t-il souligné.

Le souverain jordanien a lui aussi désapprouvé les violences, mais s'est montré plus critique envers la presse occidentale.

"Avec tout le respect dû aux libertés de la presse, tout ce qui avilit le prophète Mahomet - que la paix soit avec lui - ou blesse les sensibilités des musulmans doit être condamné", a déclaré le roi Abdallah.

Comme M. Bush, plusieurs responsables occidentaux se sont efforcés de défendre à la fois le principe de la liberté de la presse et celui du respect des sensibilités religieuses.

"Je demande à ce que la spirale des provocations et offenses réciproques prenne fin", a ainsi déclaré le président en exercice de l'UE, le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel.

"Ni les caricatures de Mahomet, ni la négation de l'Holocauste n'ont de place dans un monde où la cohabitation des cultures et des religions devrait être empreinte de respect", a déclaré M. Schüssel dans un communiqué.

Il s'est déclaré "choqué" par la décision du plus grand journal iranien, Hamshahri, de lancer, en riposte aux caricatures de Mahomet, un concours de caricatures sur le thème de l'Holocauste, le génocide des Juifs par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale.

L'initiative du journal a déjà suscité de nombreuses protestations. Washington a qualifié mardi ce concours de "scandaleux" et a estimé qu'il était directement inspiré par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui avait en décembre dernier qualifié l'Holocauste de "mythe".

Pour tenter d'apaiser les tensions, le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, a annoncé qu'il se rendrait la semaine prochaine dans plusieurs pays arabes et musulmans et au siège de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Jeddah, en Arabie Saoudite.

A Vienne, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a lancé un appel à la fin des violences, en défendant une presse libre mais "responsable" et le respect des croyances religieuses.

Le président français Jacques Chirac est allé plus loin en condamnant, à propos de la publication des caricatures de Mahomet, ce qu'il a appelé des "provocations manifestes".

"La liberté d'expression doit s'exercer dans un esprit de responsabilité", a dit M. Chirac. "Je condamne toutes les provocations manifestes susceptibles d'attiser*1 dangereusement les passions", a-t-il déclaré selon un porte-parole.

Ces propos sont intervenus alors que l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo publiait mercredi les douze caricatures de Mahomet parues initialement fin septembre dans le quotidien danois Jyllands-Posten.

La Conférence des évêques suisses a qualifié de "blessantes" les caricatures de Mahomet.

Au Danemark, où les dessinateurs des caricatures sont protégés par la police nuit et jour, la crise se poursuit. Des Marocains ont déposé une requête en urgence contre le Danemark devant la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) de Strasbourg.

De nouvelles manifestations ont eu lieu mercredi dans plusieurs pays.

Quatre manifestants ont été tués lors de heurts avec la police dans le sud de l'Afghanistan, ce qui porte à 11 le nombre des morts enregistrés depuis lundi lors des protestations dans ce pays.

En Cisjordanie, les observateurs européens de la Présence internationale temporaire à Hébron (TIPH), sous commandement norvégien, ont quitté la ville après que leurs locaux eurent été attaqués par des manifestants. La soixantaine d'observateurs sont partis vers Tel-Aviv et resteront pour le moment en Israël.

Environ 200 personnes ont manifesté devant les ambassades du Danemark et de Grande-Bretagne à Téhéran. A Ankara, quelque 500 ultra-nationalistes ont manifesté près de l'ambassade du Danemark. Au Pakistan, quelque 3.000 personnes ont protesté contre les caricatures dans la zone tribale proche de la frontière afghane.

A Sarajevo, environ 1.500 musulmans ont manifesté devant les ambassades de plusieurs pays européens et ont brûlé des drapeaux danois, français, norvégien et croate.

  • arête:,,Ligne d'angles formée par l'intersection de deux surfaces``
    • Arête d'une voûte. Angle formé avec un mur ou une autre voûte(Du lat. arista, ; également aresta)

*1:attiser:Animer un feu en rapprochant les tisons, en avivant la flamme. Attiser le feu, l'incendie; attiser le bûcher ;lat. pop. * formé sur titio « tison »