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哲学いろいろ

Le scandale Livedoor

sème un chaos sans précédent à la Bourse de Tokyo

TOKYO (AFP) - 18/01/2006 13h43 - Un vent de panique a soufflé mercredi sur la Bourse de Tokyo, entraînant sa fermeture prématurée pour la première fois de son histoire, à la suite du scandale grandissant qui éclabousse le populaire portail internet Livedoor et son flamboyant jeune patron Takafumi Horié.
Signe de la gravité de l'affaire, le Premier ministre libéral Junichiro Koizumi est intervenu en personne dans la soirée pour appeler les marchés au calme et rassurer les milieux économiques.

La chute de la Bourse est "temporaire car l'état de la deuxième économie mondiale est solide", a-t-il assuré.

Face à une explosion du nombre d'ordres, due en grande partie aux particuliers opérant sur internet et qui menaçait de saturer son système informatique, le marché tokyoïte a décidé de suspendre toutes les opérations vingt minutes avant la clôture, alors que l'indice Nikkei plongeait de 2,94%.

Le scandale Livedoor, un groupe jusqu'à présent adulé comme un modèle du dynamisme de la "nouvelle économie" au Japon, avait déjà fait dégringoler le Nikkei de 2,84% mardi, les investisseurs craignant une contagion du scandale à l'ensemble du secteur internet.

Tout a démarré lundi soir par une perquisition surprise au siège de Livedoor et au domicile de Takafumi Horié, soupçonnés d'avoir manipulé des cours boursiers en 2004 en diffusant de fausses informations.

La justice suspecte également le groupe internet d'avoir falsifié son bilan en 2004 dans le but de dissimuler une perte et de faciliter l'achat d'une équipe de baseball professionnelle.

Des courriers électroniques accablants pour les dirigeants du groupe ont été découverts par les enquêteurs, affirment les médias.

Une brutale descente aux enfers pour Horié, 33 ans, symbole autoproclamé d'une nouvelle génération de patrons, bousculant le consensus feutré de règle dans les milieux d'affaires japonais avec ses tenues décontractées et ses méthodes "à l'américaine".

En moins de 48 heures, avant même d'avoir été inculpé, ou même simplement interrogé, le jeune trublion de l'internet a été relégué au rang de pestiféré.

Après une très brève conférence de presse tôt mardi matin, il s'est gardé de toute déclaration publique.

Le patron du puissant lobby patronal Nippon Keidanren, Hiroshi Okuda, a estimé que l'admission de Livedoor dans l'organisation en décembre dernier avait été "une erreur", laissant entrevoir sa prochaine expulsion.

"Depuis que son entreprise est entrée en Bourse en 2000, Horié a accumulé une réputation d'excentrique en tee-shirt hawaïen qui élude les questions des analystes pendant les conférences de presse", a tranché le quotidien Nikkei, la bible des milieux d'affaires.

Surtout, l'éclatement de la "bulle Livedoor" a déclenché un mouvement de méfiance générale des investisseurs vis-à-vis des pratiques de gouvernance des sociétés japonaises dans leur ensemble.

Ce qui a précipité une brusque correction de l'indice Nikkei, qui avait terminé 2005 sur un gain annuel phénoménal de plus de 40%.

Selon Kazuhiro Takahashi, analyste chez Daiwa Securities SMBC, le psychodrame de mercredi rappelle le "lundi noir" de 1987, lorsque la Bourse de New York avait également dû fermer précipitamment en raison d'un crash provoqué par des ventes massives de la part d'investisseurs institutionnels.

"La différence, c'est qu'ici à Tokyo ce sont les investisseurs individuels qui se sont rués pour prendre des bénéfices et se mettre à l'abri", a-t-il commenté.

Les investisseurs individuels ont paniqué et vendu toutes leurs actions, ce qui eu pour effet d'encombrer le système avec un nombre inhabituel de petits ordres, a expliqué le président de la Bourse, Taizo Nishimuro.

A partir de jeudi et jusqu'à nouvel ordre, la séance sera raccourcie de 30 minutes dans l'espoir de prévenir toute surchauffe informatique.

"Il est malheureux qu'une chose pareille soit arrivée, surtout à un moment où la Bourse était au mieux. J'exige que la Bourse de Tokyo fasse tout le nécessaire pour faire face à la situation", a admonesté M. Koizumi.